Dimanche 20 novembre – Le Christ Roi de l’Univers
La royauté du Christ est une étrange royauté, qui nous déroute. Elle se démarque des modèles humains passés ou présents. D’ailleurs, Jésus n'a jamais revendiqué le titre de roi terrestre : "Ma royauté ne vient pas de ce monde", dit-il à Pilate. Il est venu pour servir, non pour être servi. A Pilate qui le presse de questions, Jésus répond : "Tu l'as dit, je suis roi..." en précisant naturellement de quelle manière, ce qui ne fait qu'accroître la perplexité du procurateur.
L'évangéliste Jean nous fait percevoir l'aspect paradoxal de cette royauté du Christ en présentant les événements de la Passion comme un cérémonial inédit d'investiture. Jésus est revêtu d'un manteau de pourpre ; il est couronné d'épines et assis sur une estrade. La croix est le lieu de l'élévation où Jésus "attire tous les hommes à lui" (Jean 12, 32). Le Royaume du Christ ne "vient pas de ce monde", mais il est au cœur de ce monde. C'est le Royaume de l'intériorité : "Le règne de Dieu est parmi vous" (Luc 17, 21). Ce Royaume n'est pas habité par des sujets, des soldats, des fonctionnaires et une cour, mais par des fils.
La croix du Christ est à contempler comme une prise de pouvoir sur tout ce qui nous est contraire, récapitulé dans la mort. Désormais rien ne peut vraiment nous nuire (Romains 8,35-39). Est-ce à dire que le Christ n'exerce aucun pouvoir sur nous ? Revenons à l’évangile de la Passion : Jésus ne s'impose pas par la force (les gardes du corps sont absents et les légions d'Anges n'interviennent pas), sa puissance est attraction de la vérité. Quelle vérité ? Notre vérité d'hommes, celle qui nous humanise et qui nous déshumaniserait si elle s'imposait : la faiblesse de l'Amour désarmé.
Les "fils du Royaume", ainsi que Jésus les nomme, sont ceux qui cherchent la vérité, ceux qui prennent son chemin, les bénis du Père, proches de leurs frères. C'est un "royaume d'amour, de justice et de paix", comme le dit la préface eucharistique.